Six réflexions sur le sens de l’enseignement aujourd’hui
1. Utiliser le multimédia et la technologie avec précaution pour créer une connexion avec le monde réel
Depuis des années, la ludification, les applications et les médias sociaux sont considérés comme des outils permettant d’améliorer le niveau d’implication dans l’éducation et, enfin, d’impliquer les jeunes plus activement. Malheureusement, la technologie peut parfois être mise en œuvre dans un souci de nouveauté, sans véritable stratégie ni objectif concret. Au pire, elle peut être vue comme un divertissement ou une complication.
Les enseignants sont désormais mis au défi de sélectionner non seulement le type et la quantité de technologie, mais quand et où l’utiliser et comment s’assurer de son caractère pertinent, essentiel voire irremplaçable pour effectuer une tâche particulière.
De quelle manière les enseignants peuvent-ils adopter une approche minimaliste de la technologie en classe à l’aide d’exemples ou de matériel capables de créer un lien direct avec les futurs défis qui attendent les élèves ? Comment rendre l’expérience en classe aussi proche que possible du monde extérieur ?
2. Orienter les élèves pour les amener à utiliser efficacement les outils numériques
De nos jours, il est irréaliste d’ordonner aux étudiants de ne pas utiliser Internet pour écrire des articles ou effectuer des recherches. On y trouve bon nombre de ressources crédibles, de plateformes innovantes et de professionnels motivants desquels s’inspirer.
Les enseignants de n’importe quelle discipline voudraient peut-être orienter les étudiants vers les meilleurs outils numériques de leur domaine, plutôt que de leur suggérer uniquement des sites Web ou des ressources à lire. Quel type de logiciels et outils spécifiques sont-ils nécessaires à l’obtention d’un diplôme ou à la réussite d’une carrière donnée ? Comment les élèves peuvent-ils apprendre à apprécier leur discipline autant que possible en utilisant des outils numériques ?
Bien qu’il soit compréhensible que de nombreux enseignants n’aient tout simplement pas le temps de s’asseoir aux côtés de leurs étudiants pour leur apprendre à utiliser de nouveaux outils (tout en continuant à respecter un programme d’études stimulant !), une approche plus pratique des ressources numériques est toutefois recommandée de nos jours.
3. Diversifier les évaluations pour offrir aux élèves différentes occasions de briller
Malheureusement, bon nombre d’écoles n’offrent toujours pas la liberté ou les fonds nécessaires pour permettre aux enseignants d’innover dans leur manière d’évaluer les élèves. Mais le vent pourrait bien tourner à mesure que les écoles et les universités dévoileront les profils de leurs apprenants et découvriront combien ceux-ci sont importants.
L’enseignement d’aujourd’hui implique de connaître précisément les élèves qui se tiennent devant nous et la lecture de nos supports. L’éducation se concentre de plus en plus sur différents types d’intelligence et de compétences, plutôt que de se contenter de questionnaires traditionnels. Comment les enseignants peuvent-ils assurer à chaque élève de pouvoir présenter ses idées et ses connaissances sans faire l’objet d’exclusions injustes ?
4. Ne pas avoir peur d’admettre ses lacunes
Enseigner de façon pertinente, de nos jours, signifie nécessairement renoncer à la figure d’autorité sévère et inaccessible. Bien sûr, trouver un équilibre entre autorité et vulnérabilité n’est pas chose facile, mais c’est une étape nécessaire pour instaurer la confiance. En classe, la vulnérabilité se présente sous de nombreuses formes – l’une d’entre elles étant de ne pas connaître la réponse à une question donnée.
Les nouveaux enseignants pourraient être tentés de rechigner à admettre qu’ils ignorent quelque chose ou ne maîtrisent pas totalement un sujet. Après tout, c’est tellement facile de vérifier rapidement en ligne pour s’éviter un moment embarrassant ! Cependant, créer un climat de confiance avec les jeunes apprenants, qui ont facilement accès aux réponses, implique en partie d’admettre qu’il est normal d’avoir quelques lacunes. Poser des questions, vérifier les informations et confirmer les connaissances est l’un des aspects passionnants de l’éducation !
5. Établir des limites sérieuses avec les apprenants (en particulier en ligne)
On s’attend de plus en plus à ce que les enseignants soient constamment disponibles, puisque les médias sociaux, les courriers électroniques et les systèmes de gestion de l’apprentissage permettent une plus grande liberté de contact. Les enseignants d’aujourd’hui doivent préserver leur propre bien-être mental et faire attention à leur seuil de tolérance, car être disponible à tout moment peut devenir une grande source de stress.
En dehors des heures normales de bureau ou de consultation, les enseignants peuvent avertir leurs élèves qu’ils ne répondront pas aux courriers électroniques, aux interactions sur les réseaux sociaux ou aux demandes en ligne à certaines heures voire certains jours.
6. Adapter des exemples et des supports à des étudiants particuliers afin d’être inclusifs et accueillants
Pour éviter l’épuisement et de longs moments à réaliser de nouveaux documents, diapositives et feuilles de travail, certains enseignants utilisent, encore et toujours, le même matériel créé il y a des années. Mais même dans les écoles de langues, où les exemples ou phrases types peuvent être facilement conservés d’une année à l’autre (après tout, « John eats an apple » est une phrase intemporelle), la situation démographique des élèves, en constante évolution, requiert de prêter une certaine attention aux détails.
Lorsque j’exerçais comme professeur d’anglais, les jeunes étudiants et les adultes étaient incroyablement heureux de voir apparaître leur nom ou leur pays dans une phrase type, surtout s’il s’agissait d’immigrants qui avaient l’impression d’être invisibles. Je voyais un immense sourire illuminer leur visage face à une diapositive Powerpoint ou un document mentionnant un plat célèbre, une petite ville, un illustre artiste ou un écrivain originaire de leur pays.
Les apprenants ont également souvent commenté la diversité et la représentation dans les images que j’utilisais (différentes ethnies, âges, etc.). Ceci peut être facilement mis en place dans n’importe quel format et adapté à différentes disciplines. Le format, les appareils numériques, le type de discours utilisé et notre façon de formuler certaines choses sont autant de points à adapter à la situation démographique de la classe.