Réapprendre le pouvoir de l’enseignement positif
Le début…
J’ai récemment commencé un cours matinal avec un groupe international de jeunes apprenants, arrivés en classe fatigués de leurs activités de la veille au soir. J’avais hâte d’initier une importante activité de conversation collaborative, mais je devais d’abord les intéresser au sujet.
Je me suis surpris à faire des observations telles que « Tu as l’air tellement endormi, aujourd’hui ! » et « Il est temps de commencer, allez ! », alors que je les regroupais pour participer à un exercice destiné à briser la glace et à un autre visant à « susciter leur motivation ».
Pourtant, la production linguistique se faisait attendre et la classe devenait si sombre que je pouvais percevoir un vent de rébellion – un refus catégorique de travailler – imminent.
Un changement de cap
Soudain, j’ai enfin percuté. Mon attitude envahissante (et, franchement, légèrement négative) à vouloir les faire parler n’avait pas facilité la situation. Les étudiants avaient besoin de se sentir à leur aise. Ils avaient besoin d’éprouver un sentiment d’accomplissement et je devais trouver une activité capable de les faire briller.
Rapidement, je changeai d’orientation. « Vous êtes forts en rédaction, n’est-ce pas ? Lançons-nous plutôt dans une composition écrite », déclarai-je. Je sélectionnai rapidement un plan B dans le cahier de cours : l’exercice consistait en une simple liste de vocabulaire à trier avec un peu d’orthographe, mais cela à suffit à mettre en mouvement les stylos et les livres et à engager la classe. Des étudiants calmes et désireux de réussir dessinaient des tableaux aux lignes nettes et soignées.
Je remarquai à quel point ils étaient vraiment disposés à mettre de l’ordre dans leurs cahiers d’exercices et utilisai alors ceci pour maintenir le sentiment positif en classe. Avant qu’ils aient terminé, je traçai une structure de brainstorming soignée sur le tableau, accompagnée de quelques mots seulement. J’essayai de leur faire deviner de quoi il s’agissait. « Est-ce une sorte de carte conceptuelle ? » proposa un garçon originaire de Cuba. Super – le niveau d’engagement s’intensifiait ! Je demandai à la classe d’autres exemples de mot, puis les déplaçai par trois pour reproduire ma structure et la personnaliser.
De nouveaux noms fusèrent – ils me rendaient élogieux ! – et des couleurs furent ajoutées pour distinguer les catégories. C’était un travail magnifique.
Utiliser les points forts des étudiants
Le papier semblait en quelque sorte représenter la sécurité et la structure pour cette classe, alors à mesure que la leçon progressait, je maintenais les étudiants en contact avec celui-ci. Ils dessinaient, aidés de leurs téléphones pour y puiser l’inspiration, puis décrivaient ce qu’ils avaient dessiné.
Tout du long, je faisais des commentaires élogieux, notais l’excellent travail et indiquais à tous les meilleures idées. Mon humeur avait visiblement changé. « Vous êtes vraiment… euh motivé ! » fit observer un étudiant allemand alors que je répondais à ses progrès. Eh bien, je l’ai toujours été – mais c’était une motivation plus positive ; travailler avec leurs forces et leurs préférences d’apprentissage.
À la fin de la classe, j’étais vraiment ravi du travail accompli et le groupe l’était visiblement aussi, alors que tous complétaient leur journal d’apprentissage puisant dans ce qu’ils avaient acquis tout au long du cours.
Une meilleure classe pour tout le monde
Mais qu’avais-je gagné ? Eh bien, j’avais réappris une leçon importante : Quelle que soit l’ancienneté de votre carrière d’enseignant, pressentez les attentes de votre classe. Bien sûr, vous devez parfois être capable de pousser vos étudiants, mais travaillez toujours en adoptant une position de force – leur force.
De cette façon, vous ne serez pas frustré par ce qui n’a pas lieu. Cela peut signifier changer votre façon de présenter une activité, modifier votre rétroaction, adapter votre plan en cours de route (« la réflexion en action », comme l’appelle Schön) ou être suffisamment flexible pour permettre la mise en place d’échafaudages (tableau, planche de travail à recopier, utilisation de papier ou de téléphones), en cas de besoin. Apprenez les méthodes qui fonctionnent pour vos élèves et montrez-leur à quel point ils sont capables de bien faire – ainsi, la journée n’en sera que plus agréable pour tout le monde.
Suggestions de lectures complémentaires
• Yvonne Bender : The power of positive teaching 35 Successful Strategies for Active and Enthusiastic Classroom Participation, Nomad
• Tony Buzan et Barry Buzan : The Mind Map Book: Unlock Your Creativity, Boost Your Memory, Change Your Life, BBC Books
• Zoltan Dornyei : Motivation and Motivating in the Foreign Language Classroom
• Annie Gravells : www.anngravells.com/information/learning-preferences
• Donald A. Schon : Le praticien réflexif : Comment se forme la pensée du professionnel dans le feu de l’action, livres de base