Les professeurs d’anglais « locuteurs natifs » sont-ils meilleurs ?
Quel est le problème ?
Nous travaillons dans une industrie qui prépare des millions de personnes à parler anglais et des centaines de milliers d’enseignants à les aider à y parvenir. Si le statut de locuteur natif était essentiel, environ 80 % des professeurs d’anglais du monde auraient un niveau insuffisant ou inférieur (Suresh Canagarajah, 2005). Pourtant, de nombreuses offres d’emploi destinées aux enseignants exigent des NEST.
Est-il vrai que le passeport d’un enseignant est la qualification la plus importante qu’il obtiendra jamais ? Après des années à former et à observer des enseignants, j’ai du mal à le croire – et beaucoup d’autres sont d’accord avec moi. Nous constatons un nombre croissant d’endroits qui refusent d’accepter ces annonces et, dans certains pays (y compris le Royaume-Uni), il est illégal de discriminer en raison de la nationalité lors de l’embauche.
Qui sont les « locuteurs natifs », au juste ?
Dans certaines régions du monde, les enseignants originaires d’Inde, de Malte ou d’Afrique du Sud, ayant été éduqués en anglais, ne sont pas considérés comme des « locuteurs natifs » par le régime des visas et ne peuvent tout simplement pas obtenir de visa ou de permis de travail en tant que professeurs d’anglais.
Apparemment, les professeurs d’anglais les plus aptes à l’emploi à l’échelle internationale sont originaires des pays BANA (Grande-Bretagne, Australie et Amérique du Nord, y compris l’Irlande).
Notez toutefois : Avec toutes les variétés d’anglais qui existent dans ces pays – compte tenu des dialectes locaux et du fait que certains accents britanniques soient notoirement difficiles à comprendre – le statut de NEST ne désigne pas forcément un anglais « standard ».
Comparez cela à un non-NEST qui pourrait bien être plus éduqué et meilleur communicateur, avec un vocabulaire plus large et une prononciation limpide comme l’Oxford English Dictionary.
Pourquoi dit-on que NEST est le meilleur statut ?
Le principal argument veut qu’un locuteur natif soit exemplaire : son anglais sera plus idiomatique, l’enseignant aura un vocabulaire plus riche, et il utilisera un modèle standard de prononciation. Pour les étudiants qui souhaitent étudier ou travailler dans le pays d’origine de leur professeur, un locuteur natif peut être vu comme un modèle exemplaire et un mentor.
Dans d’autres écoles, des professeurs d’anglais locuteurs natifs sont employés pour développer des pratiques de communication ou d’écriture de haut niveau (auxquelles les étudiants n’ont accès qu’après avoir appris l’anglais non communicatif auprès de leurs enseignants locaux).
Qu’est-ce que les non-NEST ont à offrir ?
Un enseignant anglophone non natif aura généralement appris l’anglais par ses propres moyens ; une expérience qui lui confère une plus grande empathie, des conseils utiles de première main ainsi qu’un point de vue d’initié sur les difficultés de l’apprentissage. Cette prise de conscience des problèmes habituels de l’apprentissage linguistique devient particulièrement pertinente lorsqu’il s’agit d’enseigner aux étudiants dans leur langue maternelle.
Étant donné leurs difficultés à trouver un emploi, les non-NEST sont souvent les enseignants les plus engagés et les mieux formés que vous rencontrerez. (Si vous êtes parvenu à surmonter ces difficultés, j’ai une immense admiration pour vous !)
Est-ce vraiment si grave ?
Cette fausse division entre les enseignants n’est pas à ignorer. Tirer la conclusion qu’un locuteur natif est automatiquement meilleur permet d’entretenir un impérialisme linguistique, faisant régner la supériorité d’un seul type d’anglais, de professeur, de méthode d’enseignement voire de culture.
Cela peut même conduire à des cas de discrimination de la part de certaines écoles qui emploient des enseignants non-NEST pour des emplois spécifiques moins bien rémunérés.
Nous serons bientôt plus de deux milliards de locuteurs d’anglais à travers le monde, dont seulement 18 % de langue maternelle anglaise. Pour ma part, je souhaite que mon enseignement ouvre des portes, diffuse des connaissances et accroisse les opportunités.
Tout lire à ce sujet
Si vous voulez en savoir plus, voici quelques bons exemples de recherche, ainsi que les opinions d’autres blogueurs à considérer :
• S. Canagarajah (2005) Reclaiming the Local in Language Policy and Practice. Erlbaum.
• B. R Reichard (2015) Does it matter to students whether their teacher is a NNEST?
• F. Copland et al. (2016) Investigating NEST schemes around the world: supporting NEST/LET collaborative practices
• I. Walkinshaw & D. H. Oanh (2014) Native and Non-Native English Language Teachers: Student Perceptions in Vietnam and Japan
• M. Kiczkowiak (2014) Native English-speaking teachers: always the right choice?
• S. Thornbury (2010) N is for Native-speakerism