Comment (et pourquoi) encourager l’échec dans votre classe ?
1. Veillez à ne pas surcorriger
Ce n’est un secret pour personne, nous voulons que les étudiants s’améliorent de toutes les façons possibles. Pour cette raison, nous croyons sincèrement leur rendre service en corrigeant leurs erreurs. Bien qu’en partie vrai dans une certaine mesure, cela mérite d’être évalué. Interrompre les étudiants pour les corriger est source de distraction.
Cela les conduit à croire qu’ils se trompent constamment, ce qui peut les amener à ne plus vouloir participer du tout. Même faire des erreurs nécessite un espace personnel.
2. Partagez une histoire significative
Nous avons tous des histoires embarrassantes ou frustrantes à raconter. Des moments durant lesquels nous aurions voulu crier, fuir ou nous cacher avant de pouvoir surmonter cet obstacle. Partagez ces histoires. Personnellement, je partage souvent l’histoire mon échec cuisant à mon premier examen de conduite ou ma détresse après mon installation à Istanbul : je voulais me cacher dans la salle de bain et pleurer parce que je n’étais pas capable de m’exprimer décemment en turc.
Ces deux histoires ont connu un heureux dénouement – j’ai fini par obtenir mon permis de conduire et par maîtriser le turc – et mes étudiants sourient et se sentent toujours inspirés car ils peuvent s’identifier. Si vous préférez éviter de parler de vous-même, racontez une brève histoire mettant en scène un membre de votre famille, un ami ou une célébrité.
3. Moquez-vous de vous-même et du sujet à portée de main
Intégrer une touche d’humour raisonnable à votre cours ne peut pas faire de mal. Être théâtral, enjoué, sarcastique (avec prudence) et idiot peut parfois amener les étudiants à se rendre compte que vous n’êtes pas une figure autoritaire, mais plutôt un être humain qui est là pour aider. Un environnement ludique leur donnera plus de liberté pour s’exprimer sans crainte et favorisera leur capacité d’autodérision.
Pour ce faire, incluez des images amusantes dans vos feuilles de travail, des mèmes dans vos Power Points, en donnant des exemples idiots (mais pertinents) ou en proposant aux étudiants des dialogues humoristiques à lire en duo. Vous pouvez également être théâtral dans votre façon de présenter certaines parties de votre cours !
4. Apprenez de vos étudiants
Il est probable que vous ayez dans votre classe des étudiants qui en savent beaucoup plus que vous sur un sujet donné, qu’il s’agisse de musique, de leur propre culture, de l’utilisation de certains appareils technologiques en classe, etc. Soyez curieux et demandez : « Pensez-vous pouvoir m’aider avec cet appareil ? » ou bien « Comment les gens font-ils cela dans votre pays ? ». Soyez curieux de savoir ce qu’ils aimeraient partager avec vous.
Cela fonctionne parce que vous adoptez une attitude humble et montrez aux étudiants que vous n’êtes pas seulement là pour les évaluer – vous vous intéressez à qui ils sont et reconnaissez qu’eux aussi peuvent vous enseigner quelque chose.
5. Enseigner aux étudiants à être juste envers eux-mêmes
Chaque fois qu’un étudiant parle de lui-même de manière négative, assurez-vous de vous adresser à lui individuellement voire en classe ouverte, le cas échéant, et demandez-lui : « Si votre enfant ou votre meilleur ami était dans votre situation actuelle, seriez-vous en colère contre lui pour quelque chose d’aussi insignifiant qu’une erreur faite en classe ? Le rabaisseriez-vous pour ne pas avoir obtenu une certaine note ou prononcé un mot d’une certaine façon ? »
Le but est de faire en sorte que l’étudiant ait la même empathie pour lui-même que celle qu’il témoigne aux autres. Nous n’insulterions pas nos proches pour des choses insignifiantes, alors pourquoi le faire pour nous-mêmes ? Apprendre, c’est aussi découvrir comment être bienveillant avec soi-même, et vos étudiants devraient être les premiers à savoir cela.
Quelle est donc la clé pour enseigner l’échec ?
La raison pour laquelle il est si difficile d’encourager l’échec en classe est que cela nous oblige à nous ouvrir, à nous détendre et à ne pas nous prendre trop au sérieux. C’est souvent difficile pour nous, enseignants, car nous sommes peut-être sous pression en raison d’une quantité massive de paperasse, du regard de nos supérieurs, de la prise en charge des tâches administratives, de la correction des devoirs ou de l’évaluation des étudiants.
Cependant, en ménageant quelques secondes pour mettre en œuvre ces stratégies, vous pourrez vous simplifier la vie tout comme celle de vos étudiants. Reconnaître l’échec et apprendre à gérer ses effets secondaires est l’un des nombreux dons que l’éducation offre à chacun de nous, quel que soit son âge.
En fin de compte, encourager les autres à échouer et à accepter les échecs revient à donner l’exemple. Montrez à vos élèves que vous n’êtes pas toujours parfait, instruit et sûr de vous. Avant de pouvoir vous présenter devant une classe, vous avez dû surmonter vos propres obstacles, mener vos propres batailles, faire face à vos insécurités et vous trouver un nombre incalculable de fois dans l’embarras.
Le secret, c’est que tout commence avec vous et avec cette seule question que vous devriez vous poser avant d’inspirer vos étudiants : quand avez-vous échoué pour la dernière fois ?