\[Parcoursup\] Les 5 secrets de l’algorithme
Chaque année, plus de 900 000 élèves souhaitant poursuivre des études post-bac vont se trouver confrontés à la plateforme Parcoursup. Rien que l’évocation du nom donne des sueurs froides aux postulants qui, dès la première étape, sont pris dans les filets de son algorithme secret. De nombreuses rumeurs circulent sur la toile et mystifient la plateforme alors que le fonctionnement global est assez clair. Voyons ensemble les “5 secrets” de l’algorithme le plus important pour les élèves français qui s’orientent vers des études supérieures. Rien de trop technique, promis !
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un algorithme ?
Comprendre cette notion pour commencer est primordiale. En effet, nous sommes en contact quotidien avec des dizaines d’algorithmes via nos applications.
Un algorithme est une suite d’instructions pour accomplir une tâche ou résoudre un problème. Oui, c’est tout.
Pour faire très simple, il faut juste distinguer deux grandes catégories d’algorithmes numériques :
les automatisés : ils effectuent exactement ce que nous leur avons programmé de faire, c’est le cas de Parcoursup !
d’intelligence artificielle : ils vont avoir une autonomie de décision grâce à des données du passé et le comportement du présent.
Exemple : si vous likez de nombreux posts de voyage sur Instagram, l’algorithme vous recommandera ce type de contenu et vous montrera de la publicité en lien.
Attention, l’autonomie de ces algorithmes ne signifie pas qu’ils ont une conscience !
1- Qui est à l’origine de la création de Parcoursup ?
Tout commence avec un rapport de la CNIL en 2017 qui dénonce les failles d’APB (Admission Post Bac, ancien Parcoursup) : le manque de transparence, le principe du tirage au sort et surtout la gestion du processus à 100% par des algorithmes ! Elle voyait ces derniers comme des “Black box”, inexplicables et déshumanisées.
Ce qui en pratique n’était pas le cas puisque l’algorithme appliquait simplement un calcul très puissant en fonction des choix par priorisation que faisaient les inscrits et donnait la réponse en quelques minutes grâce à la méthode Gale-Shapley.
Avec ce retour “alarmant” le gouvernement veut tout revoir et confie la mission à Claire Mathieu (informaticienne, mathématicienne et professeure au Collège de France) et Hugo Gimbert (chercheur au CNRS) qui sont donc les deux chercheurs ayant créé l’algorithme à la demande et avec le cahier des charges du Ministère de l’enseignement supérieur.
De ce fait, il ne faut jamais “personnifier” un algorithme, derrière cette suite d’instructions, il y a toujours une entité. Dans notre cas, cet algorithme est un outil qui exécute les règles et la vision de notre Ministère.
2 – Les règles et innovations
Nous devons noter des changements majeurs comme la possibilité plus étendue de noter ses vœux, l’arrêt de la hiérarchisation et la fin du tirage au sort. Les nouveautés à souligner et peu connues tout de même sont la prise en compte par l’algorithme de quotas minimum des boursiers et quotas maximum d’étudiants hors-Académie.
Autre innovation “Oui, si” signifie que la personne est prise sous réserve d’une formation complémentaire. Imaginez si votre niveau en anglais bloque l’accès à une école, un séjour linguistique à l’étranger viendra débloquer la situation 😉
Avec Parcoursup, les candidats ne classent plus en avance leurs souhaits dans l’ordre de préférence ou dans un ordre stratégique. Cela représente une grosse différence. Les vœux sont effectués de manière aléatoire et les formations répondent par “Oui”, “Non” ou “Liste d’attente”.
Malgrè tout, Parcoursup utilise un circuit d’affectation très similaire à celui d’APB puisque la procédure est toujours traitée par un algorithme.
Mais ici, les étudiants doivent affronter de nombreux allers-retours avec les établissements. Dans ces procédures, des “humains” vont intervenir ce qui d’un côté rassure mais d’un autre côté crée une attente extrêmement longue engendrant frustration, stress et démotivation de la part de certains candidats. Les étudiants peuvent avoir une réponse positive comme négative après plusieurs mois d’attente !
3 – Les vraies variables qui influencent votre classement
Votre destin n’est pas entre les “mains” d’un algorithme…Non et heureusement ! Il dépend principalement de votre dossier de 1ère et de terminale, de vos choix, de votre motivation et de votre envie de réussir.
Concrètement, voici les variables que vous pouvez influencer et qui seront prises en compte :
Vos 5 bulletins scolaires :
Les trois bulletins de première et les deux derniers de terminales.
Vos centres d’intérêt :
Ils peuvent en dire long sur votre personnalité, mentalité et différenciation avec les autres candidats. Mettez en avant tous les côtés positifs de votre personnalité, décrivez vos passions et étayez sur vos différentes activités en montrant tous les apports.
La fiche “avenir” faite par les professeurs
Bien évidemment vos professeurs auront un impact sur votre candidature !
L’année de terminale est exigeante en termes de résultats scolaires avec l’obtention de bonnes notes – la base. La rigueur au niveau de votre comportement sera également de mise car il sera mentionné dans votre dossier scolaire ; ce dernier effort en vaut la chandelle et peut faire toute la différence avec d’autres candidats.
La lettre de motivation
Ne prenez pas cette partie à la légère, elle peut vous permettre de vous démarquer. N’écrivez pas un roman, soyez concis, direct et intéressant dans votre argumentation. Comment être intéressant ? Personnalisez votre dossier ! Trouvez un maximum de points en commun avec l’établissement et faites un lien entre votre parcours, vos motivations et le projet de l’établissement choisi.
Les options facultatives
Le latin, le russe ou encore la langue des signes ! Vous avez sûrement hésité avant de passer ces options complémentaires au bac. C’est le moment de vous en servir ! Ces matières en disent long sur votre personnalité, votre capacité de travail et le fait que vous ne vous contentez pas du minimum. Une bonne façon de prendre des points si vous mettez bien vos efforts en valeur.
4- Les côtés opaques de l’algorithme !
Le doute vient du côté…des formations ! En effet, le Ministère de l’enseignement Supérieur (pas l’algorithme) laisse une autonomie et une confidentialité sur les critères de sélection effectués en “local”. Certains établissements vont indiquer en toute transparence les matières les plus importantes quand d’autres vont se baser sur la personnalité du candidat ou d’autres critères bien spécifiques.
Si une école vous refuse, il ne sert à rien de critiquer l’algorithme mais plutôt de vous rapprocher de l’établissement pour essayer de comprendre et revenir l’année d’après mieux préparé. Même si vos notes resteront les mêmes, votre profil aura évolué. Votre personnalité pourrait être plus importante que vos notes.
5 – L’année de césure ne vous pénalise pas, au contraire !
Difficile de faire un choix de “carrière” quand on n’a même pas 18 ans… La tendance de la Gap Year après le bac, est en vogue ; même Malia Obama, la fille de Barack Obama s’est prêtée au jeu !
Pour rappel, l’année de césure est un droit en France depuis 2015 😊 Le gouvernement favorise l’expérience à l’étranger avec la mise en place d’une case spéciale “Année de césure” dans le formulaire Parcoursup. Le niveau actuel des français en langues étrangères est clairement médiocre comme le montre l’indice mondial de compétence en anglais EF EPI.
Le plus important lorsque vous faites cette démarche : bien expliquer et montrer que c’est un choix motivé par un projet, une envie de progresser dans un domaine. Le champ “ma préférence” est à votre disposition pour cela.
L’année qui suit, lorsque vous refaite votre inscription l’algorithme ne vous pénalisera pas dans le classement !
Au contraire votre profil présente une véritable valeur ajoutée, vous postulez avec plus d’expérience, une meilleure maîtrise d’une langue étrangère, plus de maturité et surtout un choix murement réfléchi.
Des milliers d’étudiants choisissent cette voie pour ne pas prendre un établissement par défaut…
La légende dit que certains établissements peuvent parfois préférer des “Neo-bacheliers”, si vous entendez cela lors d’un salon… Fuyez. C’est juste une technique pour remplir leur école.
On retiendra la conclusion de Claire Mathieu sur le sujet “L’algorithme ne décide de rien. Il tient compte des informations qu’on lui donne et applique la loi”.
Votre avenir dépend de beaucoup de variables, mais certainement pas d’un algorithme.
L’explicabilité doit être au cœur du débat. Nous devons toujours avoir l’esprit critique et nous cultiver pour participer à ce type de problématique... même si ce n’est pas notre domaine d’expertise. Méfiez-vous des contrefaçons et de la mésinformation sur les réseaux sociaux qui vous feront perdre de vue l’essentiel : vous !